mardi 20 décembre 2011

Benoît XVI, en prison, sermonne les politiques

Le Pape n’a pas mâché ses mots, le 18 décembre, à l’occasion de sa visite àla prison de Rebibbia à Rome. Cette matinée de rencontre et de dialogue avec les 1750 détenus a été l'occasion de rencontres émouvantes, "d'homme à homme", entre les prisonniers et le chef de l'Eglise catholique, comme le souligne Frédéric Mounier, le correspondant du quotidien français La Croix.
Benoît XVI accompagné de la ministre de la Justice Paola Severino à Rebibbia

Un record bien plus dramatique.

Comme nous l’annoncions (sans grand risque de nous tromper) dans un post précédent, le nombre de personnes incarcérées vient de dépasser les 65 000 en décembre. 65 262 exactement selon les chiffres mensuels de l'administration pénitentiaire. Un record!

mardi 6 décembre 2011

« L’affaire Jacques Fesch n’est pas une erreur judiciaire, mais une erreur de justice »

Suite à notre post sur les figures d’espoir qui ont marqué la prison par la lumière de leur conversion, Quentin Toury, petit-fils de Jacques Fesch et vice-président délégué général de l’Association des Amis de Jacques Fesch*, a souhaité compléter le portrait que nous avions brossé à grands traits de l’histoire de son grand-père. Explications par l’un des meilleurs connaisseurs du dossier.

A partir de quand Jacques Fesch est passé de la figure d’assassin à celle de saint ?
Très tôt, dès l’affaire judiciaire, sa conversion radicale est connue de certains. Jacques Fesch n’en fait jamais état à son procès, mais déjà, elle est connue. Ainsi le journaliste Max-Pol Fouchet (p. 220 du document) qui dans l’émission de l’ORTF, « Le fil de la vie», incita ses téléspectateurs à écrire au président de la République pour lui demander la grâce du jeune homme. Plus de 5000 lettres parvinrent à l’Elysée, sans succès. René Coty était convaincu de l’inutilité d’appliquer la peine capitale à cet homme qui n’était plus celui qui avait tué et qui avait changé fondamentalement en prison. Mais, tout catholique qu’il fut, le Président ne trouva pas les forces et le courage de s’opposer à la pressante insistance des syndicats de Police et d’une grande part de l’opinion publique qui réclamaient la tête « d’un tueur de flic ».

mercredi 30 novembre 2011

Faut-il vider les prisons ou en construire d'autres...

.... ou bien les deux?
Les prisons débordent, mais faut-il pour autant ne plus condamner les délits et les crimes constatés? C'est l’interrogation qui taraude le lecteur de la tribune publiée récemment dans le Monde.

"Pour en finir avec la surenchère carcérale", tel est son titre. Six responsables d'association directement concernés par "la prison", et pas les plus enragés, la paraphent. On y retrouve les magistrats de l'Association française de criminologie,  les visiteurs de prison de l'ANVP, les étudiants du GENEPI, ou les bénévoles de la FARAPEJ.

mercredi 23 novembre 2011

Benoît XVI bientôt en prison

… pour la seconde fois. 
Le Pape est donc un récidiviste ! Rassurons-nous, il ne s’agit que d’une visite de courte durée. En plein temps de l’Avent, période de jeûne qui dans la tradition catholique précède la fête de Noel, le Pape prendra donc le temps, le 18 décembre prochain, de rencontrer et répondre aux questions des détenus de la plus grande prison de Rome, le centre de Rebibbia. 300 femmes et 2000 hommes y sont détenus. Ce sera l'occasion sans nul doute d'un spectacle étonnant: ce vieil homme tout de blanc vêtu, symbole de pureté, à la rencontre de "la lie de la société"... 


Faut-il appliquer le code du travail en prison?

Travail en prison, suite...
Un détenu qui travaille est-il un salarié comme un autre? Voilà la question posée par l'affaire récemment ouverte devant les Prud'hommes de Paris. En l’occurrence, il s'agit d'une détenue employée comme téléopératrice entre août 2010 et avril 2011 pour un centre d'appel installé au sein de la maison d'arrêt pour femmes de Versailles. La jeune femme a été "déclassée" pour avoir passé des appels privés au cours de ses heures de travail. Aujourd’hui, elle porte plainte contre son ancien « employeur ».

vendredi 18 novembre 2011

Travail en prison, à quoi ça sert?

Au boulot...
Si la proposition demeure à l'état d'ébauche dans le programme de l'UMP pour 2012, elle va pourtant dans le bon sens: le parti majoritaire entend renforcer le travail en prison.
"D’une part, le travail en prison (...)  permettrait de rembourser les préjudices financiers aux victimes mais d’autre part, cela permettra de faciliter la réinsertion des personnes détenues qui lors de leur incarcération, bénéficieront ainsi d’une certaine formation professionnelle, réduisant par la même les risques de récidive."
Combien sont-ils à travailler en prison? 39,1% selon les derniers chiffres de l'administration pénitentiaire.

mercredi 16 novembre 2011

Présidentielle: Emmaüs se mobilise sur la prison

Et après?
« La prison, il ne suffit pas d’en sortir pour s’en sortir… » Profitant de la campagne présidentielle qui débute, Emmaüs avance ses propositions en réponse aux cinq urgences sociales du moment. A juste titre, la prison en fait partie. Et particulièrement son volet « réinsertion », qui constitue, au même titre que le volet« répression », une des missions de l’administration pénitentiaire.
                                                                  
Si l’on peut regretter que l’association semble ne voir que des causes économiques et sociales à la surpopulation carcérale, passant sous silence la recrudescence et la banalisation de la violence qui nécessite une réponse pénale adéquate, Emmaüs a pourtant le grand mérite de prendre la question pénitentiaire dans sa globalité et de souligner les carences du système pénal et carcéral avant, pendant et après le séjour à la case « prison ».

mercredi 9 novembre 2011

Les peines de prison sont-elles trop longues?

Accélérer le temps
Le journaliste de TF1 Harry Roselmack a consacré un très bon documentaire à la prison de Muret en Haute-Garonne. Portant un regard humaniste sur les détenus et l'encadrement, évitant le misérabilisme, le présentateur du 20h aborde, notamment, la question de la longueur des peines.

Car l'intérêt de cette nouvelle "Immersion" est qu'elle porte sur un centre de détention, c'est-à-dire une prison qui accueille des condamnés à de lourdes peines. 

vendredi 28 octobre 2011

Ne pas oublier les familles

Un soutien essentiel
Un bel article* de Louise Colcombet paru dans le Parisien hier (27 octobre 2011) met en lumière le sort des familles de prisonnier, en particulier ces mères et ces épouses qui semaine après semaine empruntent le bus qui relie la place Denfert à Fleury-Mérogis trois fois par jour, pour passer une demie-heure en tête à tête avec leur mari, leur fils ou leur fille.

lundi 24 octobre 2011

Quand la reconnaissance des Témoins de Jéhovah par l'Etat passe par la case prison

Secte ou pas secte?
Une condamnation carcérale prive-t-elle le détenu de son droit à exercer sa religion? Certes non. Même quand le détenu est adepte d'un "groupe à caractère sectaire" comme sont définis les Témoins de Jéhovah dans les rapports successifs de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires* (Miviludes) depuis 1995.


vendredi 7 octobre 2011

Des lumières en prison

FIGURES D'ESPOIR
Il y a 54 ans, le 1er octobre 1957, Jacques Fesch* était guillotiné à l'âge de 27 ans. Son crime: avoir tué Jean-Baptiste Vergne, un agent de Police père d'une petite-fille de 4 ans, qui le poursuivait suite au braquage d'un bureau de change de la rue Vivienne à Paris. Fesch voulait s'acheter un bateau pour partir aux Antilles... l'argent lui manquait.


mercredi 5 octobre 2011

La prison doit-elle accueillir toute la misère sociale?

PEINES PLANCHER

Nous nous faisions l'écho, il y a une semaine de l'ouverture prochaine de la nouvelle prison de Nantes, prévue en mai 2012. Impossible, pour l'heure de savoir si cette prison sera plus sûre que son illustre ancêtre, et si comme le dit la chanson, "le prisonnier alerte dans la Loire sautera"... 

Ce qui est pourtant certain, est que l'établissement, pas encore achevé, s'avère déjà trop petit. C'est un article paru dans Ouest France qui nous livre l'annonce. A la demande de l’administration pénitentiaire, 100 places supplémentaires vont s'ajouter aux 500 prévues initialement. Soit 20% de lits en plus qu’il va falloir réussir à caser!

dimanche 2 octobre 2011

Une poudrière?

VIOLENCE
Une surveillante de la maison d'arrêt de Sequedin dans le Nord a été agressée par un détenu. L'homme, qui réclamait une consultation en psychiatrie lui a planté une cuillère aiguisée près du coeur. La femme, en poste depuis seulement cinq jours dans cette prison, a été hospitalisée une journée. Elle avait déjà été agressée lorsqu'elle était en poste à Fleury-Mérogis.
ACTUALISE
Le détenu a été condamné le 28 novembre 2011 pour cette agression à 30 mois de prison dont 12 avec sursis. Sa victime est toujours en congé maladie.
La surpopulation approche les 200% dans certains étages de la prison selon les informations recueillies par Nord Éclair.

vendredi 30 septembre 2011

La prison, premier poste de dépenses pour la place Vendôme

FINANCES
Comme l’année dernière, le budget de la Justice est en hausse de 4% en 2012. Si l’on remonte à 2007, la hausse est de 19%. Avec plus de 3 milliards d’euros, l’administration pénitentiaire représente le premier poste de dépense du ministère de la Justice, devant les juridictions (2.9 milliards) et la protection judiciaire de la jeunesse (0.7 milliards).

Ce budget privilégié doit répondre aux ambitions du gouvernement en matière de capacité carcérale. 892 nouvelles places seront créées en 2012 par l’ouverture des nouveaux établissements de Nantes et Condé-sur-Sarthe (Orne) ainsi que l’extension de ceux de Bonneville en Haute-Savoie et Remire-Montjoly en Guyane.

mercredi 21 septembre 2011

Les limites du pyjama en papier

SUICIDES
Un nouveau détenu a mis fin à ses jours à l’aide de son kit anti-suicide… cherchez l’erreur.  Outre la question du suicide en prison, ce fait dramatique – le jeune homme avait 23 ans - pose la question de la nature des réponses apportées aux problèmes soulevés.

En 2009, la Garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie avait avancé des mesures pour parer à la multiplication des suicides. Une série de suicides relayée par la presse avait en effet suscité l’émoi.

D’une part, des kits anti-suicide (sic) seraient distribués, lors des moments les plus difficiles comme un passage au mitard, aux individus susceptibles de mettre fin à leurs jours. Si le taux de suicide est sept fois plus élevé en prison qu’à l’extérieur, il est également beaucoup plus élevé en quartier disciplinaire qu’en cellule ordinaire. Ces kits comprennent notamment un matelas anti-feu, des draps indéchirables et un pyjama en papier à usage unique. D’autre part, des pièces spécialement aménagées et dépourvues de points d’arrimages tels que des barreaux aux fenêtres ou un support mural pour une télévision, seront généralisées afin d’empêcher le passage à l’acte. Enfin, il était annoncé que les détenus en quartier disciplinaire auraient désormais accès au téléphone et à la radio.

lundi 19 septembre 2011

Question d’arithmétique...

SURPOPULATION

Le 13 septembre,  Nicolas Sarkozy a annoncé en personne la création de 30 000 nouvelles places en prIson à l’horizon 2017. C’était la première visite d’un président de la République depuis V. Giscard-d’Estaing. En soi, l’intérêt porté par le président à la condition carcérale et la publicité qui l’accompagné est une bonne nouvelle.

Pourtant, l’auteur de ces lignes se souvient qu’en 2002, la loi Perben prévoyait d’augmenter d’ici 2012 la capacité carcérale de l’époque de 13 200 places via la construction de 26 nouveaux établissements. La population carcérale était alors de 48 600 personnes. Soit un objectif de 61 800 places en 2012… 

Et 2012, c’est dans trois mois. Avec 56 500 places aujourd’hui, nous sommes encore loin du compte. D’autant plus que la population incarcérée a, entre temps, explosé !

Ça déborde...

ETAT DES LIEUX
Nos prisons débordent. Elles débordent de suicidés, un tous les trois jours en moyenne, 58 pour le premier semestre 2011. Elles débordent de détenus. Plus de 64 000 en août 2011 pour une capacité maximale de 56 500 places. Soit une densité de 115% en moyenne globale, mais bien plus quand on sait que les maisons d'arrêt (106 maisons sur 192 établissements pénitentiaires dont une quarantaine qui présentent une densité supérieure à 150%) supportent la majorité de cette surpopulation. Elles débordent aussi de violence, de racket, de viols, de propagande islamiste.

Cela fait des années que les gouvernements le savent. Cela fait des années que le système carcéral français fonctionne de manière ubuesque. « La peine, rappelle le catéchisme de l’Eglise catholique, en plus de protéger l’ordre public et la sécurité des personnes, a un but médicinal, elle doit dans la mesure du possible, contribuer à l’amendement du coupable ». Le taux de récidive est aujourd’hui de 40% dans les cinq années qui suivent la libération du condamné. C’est un constat : la prison fabrique de la délinquance.

dimanche 18 septembre 2011

L'utile vocation des visiteurs de prison

BÉNÉVOLAT
Voici un article paru dans Valeurs Actuelles du 13 juillet 2011 qui jette un éclairage sur les visiteurs de prison et leur importance.

Ils contribuent à faire baisser la pression au sein d’établissements pénitentiaires toujours sous tension. Rencontre.

Chaque jeudi depuis six ans, c’est le même rituel, Jean-Yves prend sa voiture, direction Melun. Arrivé au centre de détention sur l’île Saint-Étienne, il traverse la cour pour rejoindre les parloirs “avocats” et serre quelques mains au passage. Là, il attend dix minutes, parfois plus : pour peu qu’il y ait un “mouvement de promenade” au sein de l’établissement, les surveillants prendront leur temps pour aller chercher le prisonnier en cellule. « Certains détenus arrivent avec une liste de sujets griffonnée sur un papier, qu’ils cochent au fur et à mesure », précise-t-il.
La conversation peut durer plusieurs heures. Jean-Yves est à la retraite. Il est aussi visiteur de prison.

Comme lui, près de 2 000 bénévoles consacrent un peu de leur temps à des détenus au passé souvent chargé. Hasard d’une rencontre, fascination pour le monde carcéral, velléité évangélique de visiter celui qui est enfermé, souhait de briser l’inactivité qui suit le départ à la retraite… Leurs motivations sont diverses. Mais dans la plupart des cas, une question leur est commune : “Et si j’étais à leur place ? ” « Je ne dis pas que ce sont des anges, avance Jean Cael, le responsable du service “prison” du Secours catholique, mais ce sont des gens qui ont un avenir, de toute évidence. » Depuis que la peine de mort a été abolie et que la réclusion à perpétuité n’est plus appliquée, toute personne incarcérée, du chauffard récidiviste à l’assassin en série, sortira un jour ou l’autre de prison. « Mieux vaut pour tous qu’ils la quittent meilleurs qu’ils n’y sont entrés », souligne Jean Cael.