jeudi 12 janvier 2012

30 000 places supplémentaires: "Un non sens humain, économique et juridique"

Loi sur l’exécution des peines
Ça, c'est fait. Les 24 000 places supplémentaires en prison devraient être construites d'ici cinq ans: les députés l'ont voté mercredi soir. Dans le même temps, 18 associations* caritatives ou professionnelles du monde carcéral et judiciaire ripostent et dénoncent, dans un communiqué, un projet de loi inefficace et dispendieux. 
Le budget de 3 milliards d'euros annoncé serait sous-évalué. En outre, elles déplorent " un véritable traitement industriel" de la question carcérale. Il est vrai qu'on peut légitimement douter de la capacité de réinsertion d'établissements atteignant 700 voir 900 places comme le texte le prévoit. Elles, souhaiteraient des établissements de moins de 200 places plus aptes à accompagner les détenus vers le droit chemin. De plus, la crainte est grande que l'argent mis dans la construction des 30 000 places soit autant d'argent que l'Etat ne mettra pas dans la réinsertion. 

Histoire de sous
Elles avancent également un  argument économique qui devrait faire-mouche en période de vache-maigre budgétaire: l'incarcération pure et simple coûte extrêmement cher à la collectivité, affirment-elles, beaucoup plus que la semi-liberté, le bracelet électronique ou le travail d'intérêt général. Et de citer des chiffres frappants. Ainsi:

"Le prix moyen d'une journée de détention est estimé par la Cour des comptes à 71,10 €. Les aménagements de peine, socialement plus efficaces, coûtent, à l'administration pénitentiaire, bien moins cher ; la semi-liberté : 47,81 € ; le placement extérieur : 40 € ; le bracelet électronique n'étant qu'à 5,40 € de coût journalier, soit plus de 60 € d'économie par rapport au prix d'une journée de détention. Quant au TIG, il ne coûte quasiment rien à la puissance publique..." 
Pour ces associations, il y a un non-sens à opter pour une politique qui fait de la prison la peine "étalon", celle de référence, alors que celle-ci se révèle pour les courtes peines moins efficace en termes de récidive que les peines aménagées. De surcroît, la prison apparaît hors de prix! Les finances de la France peuvent-elles se payer ce luxe alors que l'Etat est au bord de la faillite pour reprendre les propos du premier de nos ministres?


                                                                                                                 G.D.

*l’ANJAP / Ban Public / la Cimade / la CGT des chancelleries & services judiciaires / la CGT justice PJJ /la CGT pénitentiaire / Citoyens et Justice / la Croix Rouge / Droit d’Urgence / Emmaüs France / FARAPEJ / la Fédération Protestante de France / la FNARS / le Genepi / l’Observatoire International des Prisons / le Secours Catholique / le SNEPAP-FSU / le SNEPES-PJJ-FSU / le Syndicat de la Magistrature


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