vendredi 8 juin 2012

La grande déprime des surveillants pénitentiaires...

La vie rêvée d'un surveillant de prison...
Mardi matin (5 juin), une soixantaine de surveillants ont bloqué les grilles de la maison d'arrêt de Bois d'Arcy, avant d'être délogés par les CRS. Raison de ce "coup de sang": des conditions des travail déplorables, une violence prégnante, une surpopulation qui ne baisse pas. Selon les syndicats, ce taux est de 170% à Bois d'Arcy (78). "Dans un établissement pénitentiaire qui peut accueillir normalement 501 détenus, nous en comptons actuellement 950, dont 130 détenus avec un bracelet électronique", avance un gardien encarté à l'Ufap-Unsa-Justice. Des mouvements de grogne similaires ont eu lieu à Charleville-Mézières et à Brest


Manque de temps. Les "matons" en ont donc ras-le-bol et le font savoir sporadiquement en dépit de leur devoir de réserve. Derrière les portes, la tension est constante : insultes, crachats et violences physiques viennent s'ajouter à la violence plus sourde, inhérente à l'enfermement. 


Pour les gardiens, le métier est dur, peu valorisant, peu valorisé. Un surveillant gagne 2079 euros brut par mois en fin de carrière. Par ailleurs, ils ont de moins en moins les moyens de le faire correctement. Les effectifs manquent, donc le temps manque. Un surveillant peut avoir sous sa responsabilité une centaine de détenu. Comment opérer une fouille digne de ce nom quand le surveillant dispose de 10 minutes pour la réaliser, en particulier lorsque la cellule est occupée par trois personnes? Comment passer du temps avec eux, lorsque la possibilité d'une relation humaine se fait jour? 


De + en + de tâches. De drame en drame, l'Etat ajoute toujours plus de missions à l'emploi du temps des surveillants. Ainsi, "depuis que Rachida Dati (NDLR: l'ancienne Garde des Sceaux) s'est rendue à Reims après le suicide d'un détenu, on nous demande d'aller voir les détenus fragiles toutes les 15 minutes, explique un gardien dans les colonnes du Monde, et s'il y a un pépin, on risque des sanctions. L'administration est la championne de l'ouverture de parapluie..." 
Dans un autre registre, le transfert (en septembre 2011) de la charge de "l'extraction judiciaire" des policiers ou des gendarmes, au personnel pénitentiaire, n'arrange rien à leur disponibilité. Accompagner les détenus de la prison au tribunal, vis et versa, est-il vraiment le coeur du métier des gardiens de prison?


Taux de suicides élevé. Résultats, la plupart des gardiens pare au plus pressé, sans pouvoir mettre une dose d'humanité dans leur métier. Une déshumanisation de leur tache qui explique le taux de suicides constaté chez  eux, très supérieur à la moyenne nationale. Sans compter, le taux de divorce.


                                                                                                         G.D.


Pour infos: 
Les effectifs de surveillance ont augmenté de 16% entre 2000 et 2008 = + 3500 surveillants. 
Quant au personnel d'insertion (qui préparent la vie après la prison), ils ont augmenté de 42% sur la même période ( 2 600).
Au cours de la même époque, le nombre de détenus est passé de 51 900 à 64 000 = + 12 100 détenus.



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