jeudi 5 juillet 2012

La musique adoucit les moeurs... est-ce bien suffisant?

violon c www.3dvf.com
Polémique
A la prison de Sequedin dans le Nord, Christiane Taubira assiste à un concert de musique classique offert aux détenues par l'Orchestre National de Lille. A Cherbourg, c'est une bibliothèque plus grande qui va être aménagée au sein de la prison pour accueillir plus de livres... et éventuellement plus de détenus. Dans ces deux exemples, mais il y en aurait beaucoup d'autres, l'attention est mise au bien-être des prisonniers.

Nous n'entrerons pas dans le débat ouvert par Rachida Dati sur l'importance pour Mme Taubira de se préoccuper non seulement des conditions de détention des condamnés, mais aussi du sort des victimes des détenus et des conditions de travail des gardiens. A l'occasion de sa visite à Sequedin, les syndicats n'ont en effet pas eu droit à quelques minutes d'entrevue avec la ministre comme de "coutume". Détenus, gardiens et plus encore victimes ont droit de la part de l'Etat et de la nation a un égal respect.

Les causes de la délinquance
Pourtant, le coeur du débat me semble se situer ailleurs. A quoi bon dépenser autant d'argent et d'énergie pour tenter d'instruire et d'initier aux douceurs de la culture des personnes cassées par la vie, alors que l'Etat se soucie comme d'une guigne de fortifier les structures sociales élémentaires que sont les familles?  Les travaux sociologiques ont montré que la rupture familiale était une cause importante de la délinquance. Un rapport (au demeurant assez léger) remis en 2010 à M. Bockel, à l'époque secrétaire d'Etat à la Justice, pointait du doigt le rôle de la famille dans la lutte contre la délinquance juvénile. Un lien existe entre famille et délinquance pour la simple et bonne raison que la famille opère un contrôle social mille fois plus efficace que n'importe quel maton ou caméra de surveillance. 

C'était le constat posé par Hélène Strohl dans un brillant essai*: "L'Etat social ne fonctionne plus".Inspectrice générale des Affaires sociales, l'auteur constatait l'efficacité de «la police des familles » si souvent décriée. « Le poids du regard de ses pairs est autrement plus efficace que celui du regard des juges qui ne l’est que si le coupable est pris la main dans le sac ». Autrement dit, au « pas vu, pas pris », s'oppose le sentiment de la honte qui s’attache à celui qui commet une mauvaise action sous le regard de sa famille
L’isolement actuel des personnes encourage le passage à l’acte. A contrario, l’avantage du contrôle social est qu’il s’opère avant que la personne ne dérape. Soit l'Etat fait confiance aux structures de la société et les soutient, soit il place un flic, un juge, un éducateur, un travailleur social derrière chaque famille à problème...

Famille stable, famille durable
En effet, une famille monoparentale, des parents en rupture sociale parce qu'au chômage ou par ce que ne parlant pas ou peu le français, éprouveront de grandes difficultés à éduquer leurs enfants et à les "tenir" sur le droit chemin. Ces familles n'ont pas les moyens d'apporter aux enfants le cadre, la sécurité, l'équilibre nécessaire à leur construction sociale. Ne pas soutenir le modèle familial -ou pire, l'affaiblir- c'est exposer la jeunesse à la délinquance. 

Le 7ème Symphonie de Beethoven, c'est beau; mais si la musique adoucit les moeurs, la famille, elle, les structure. La source de la question carcérale n'est pas les conditions d’emprisonnement, ni même la durée des peines infligées. Elles n'en sont que la conséquence. La source est le délitement social.

Soutenez donc la famille, solide et durable, Mme Taubira, ce sera la plus efficace réponse apportée à la surpopulation carcérale.

                                                                                                          G.D.

*L'Etat social ne fonctionne plus, d'Hélène Strohl, Albin Michel, 2008, 15 euros










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